Communiqué du CLR

Délit de blasphème (21 mars 05)

mars 2005

Le Comité Laïcité République proteste contre le jugement inique prononcé par le tribunal de grande instance de Paris, jeudi 11 mars à l’encontre des créateurs de mode Marithé et François Girbaud.

Le tribunal de grande instance de Paris a interdit l’affichage d’une publicité qui figurait une « Cène », libre interprétation du tableau de Léonard de Vinci. Les évêques de France avaient saisi le tribunal, pour injure visant un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion déterminée, estimant qu’elle portait atteinte à la foi des catholiques. Contre l’avis du parquet, le tribunal a estimé que l’affichage de cette publicité constituait « un acte d’intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes », ajoutant que « l’injure ainsi faite aux catholiques apparaît disproportionnée au but mercantile recherché ». Le tribunal a estimé que les femmes parodiaient les attitudes et les gestes peints par Léonard de Vinci et que « la présence, dans une position non dénuée d’ambiguïté, d’un homme dos nu, introduit un motif de dérision inutilement provocateur ».

L’Eglise et les associations catholiques qui opèrent en son nom, n’ont visiblement rien appris. Faut-il rappeler que c’est une campagne du même type contre le film de Martin Scorsese “La dernière tentation du Christ”, qui avait déchaîné les violences des intégristes et conduit aux incendies criminels de cinémas ? Face à l’indignation de l’opinion publique, L’Eglise a eu beau jeu de se désolidariser des intégristes ; elle n’en avait pas moins provoqué la catastrophe.

Le Comité Laïcité République rappelle que la liberté d’expression et la liberté de création sont des libertés fondamentales de notre République et qu’il ne saurait y avoir de délit de blasphème en France. Un acte de censure aussi réactionnaire que cette condamnation autorise toutes les intrusions dogmatiques et cléricalistes dans le champ de l’expression publique. Sans insister sur le fait que les oeuvres de Léonard de Vinci ne sont pas la propriété privée de l’Eglise catholique, le Comité Laïcité République relève l’insulte faite aux femmes par les évêques de France qui jugent insupportable qu’elles puissent incarner le Christ et les apôtres.

Le Comité Laïcité République dénonce ce jugement et apporte son soutien aux créateurs qui font appel du jugement. Il appelle les citoyens soucieux du respect des libertés publiques et de la laïcité de nos institutions à protester contre cet acte de censure digne de l’ancien régime. Il demande que le tribunal en appel prononce un jugement plus conforme au sage avis du parquet et aux libertés républicaines.

CLR, 21 mars 2005


Comité Laïcité République
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